J’ai testé pour vous la Danse des 5 rythmes 

Une interview de Michel Wéry pour Bio-Info

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Lorsque j’étais adolescente, j’adorais danser et me défouler sur les musiques les plus diverses. Depuis que je suis entrée dans la vie active, la danse n’est plus qu’un lointain souvenir. C’est donc avec une certaine appréhension que j’ai poussé la porte de la salle où a lieu la Danse des 5 rythmes. L’endroit est lumineux, il y a un beau plancher, et quelques personnes dansent déjà sur une musique assez calme. J’enlève mes chaussures et Michel m’accueille avec un beau sourire qui fait voler en éclats mes derniers doutes. Peu à peu, je me laisse envelopper par le son et je commence à enchaîner quelques mouvements. Les musiques deviennent progressivement plus intenses ; on danse seul, parfois à deux ou trois selon les consignes du moment. Puis un rythme plus calme nous conduit vers l’intériorité. Je ressors de cette séance très détendue. C’est donc convaincue que je pose à Michel quelques questions.

 

Tu animes des séances de Danse des 5 rythmes depuis 14 ans et ton épouse, Anne-Mieke Haazen, depuis 10 ans. Peux-tu expliquer de quoi il s’agit ?

C’est une danse libre et consciente qui est à la fois une méditation, et une manière de remettre de la circulation dans tout notre être. On passe par cinq phases qui découlent naturellement l’une de l’autre, et qui nous aident à aller d’un plus petit ‘moi’ au départ –parfois perdu dans les pensées ou dans une émotion – vers un plus grand ‘moi’: aligné, bien connecté au moment présent et, du coup, à tout son potentiel.

La piste de danse est pour moi une métaphore de la vie. On est toujours bien la même personne que dans le quotidien donc on y retrouve les mêmes défis personnels (rires), mais on peut ici explorer de nouvelles possibilités en toute sécurité. Dans un groupe bienveillant, on danse avec soi et avec les autres, de la manière la plus consciente possible.

En suivant des consignes simples, chaque pratiquant trouve sa propre danse unique et personnelle du moment, qui peut passer par des intensités très variées. On n’est pas du tout dans la performance ici -ce qui peut être déroutant au début- mais dans une exploration personnelle et collective.

 

Comment fait-on pour ‘trouver sa propre danse’ ?

La base est l’écoute attentive du corps et de ses besoins dans l’instant présent. Notre corps a une formidable intelligence et quand on décide de le suivre et de le laisser aux commandes, il nous ré-aligne progressivement: corps, coeur, et esprit ensemble. Chaque séance est une vraie surprise parce qu’on ne sait pas où notre corps va nous emmener… sauf que c’est à un endroit plus connecté à notre essence.
 

Pourquoi y a-t-il 5 rythmes ?

Ce sont en fait 5 types d’énergie qui s’enchaînent de manière très naturelle. Comme dans la nature, tout naît, se déploie, puis trouve sa fin. En très résumé, on commence par un retour à soi bien enraciné (yin), puis par l’expression de notre ressenti (yang), puis on lâche prise, ce qui éveille notre vraie créativité, et en fin de séance on accède souvent à une belle qualité de paix et de connexion. 

D’où proviennent les musiques choisies ?

Une même session peut très bien vous faire danser sur du rock, de la musique classique, de la transe, du rap, des percussions et de la musique méditative qui s’enchaînent harmonieusement. 

 

 

Les possibilités sont vraiment infinies, ce que j’adore parce que ça décuple notre créativité. Avec la musique, je guide et je suis, j’ouvre les possibilités et j’accompagne. Chaque séance est une co-création avec les participants, même si c’est moi qui guide.

Qui est à l’origine de cette façon d’explorer son corps ?

La pratique des 5 rythmes a été créée dans les années 1970 par une Américaine aujourd’hui décédée, Gabrielle Roth. Ce qu’elle nous a transmis est essentiellement né de sa propre danse: dès l’adolescence, danser librement dans sa chambre est progressivement devenu pour elle une véritable pratique spirituelle, car ça lui permettait de se re-connecter non seulement à elle-même, mais aussi à plus grand.

 

Avez-vous une manière personnelle d’enseigner ou suivez-vous un protocole?

Chaque enseignant des 5 rythmes apporte vraiment sa propre couleur, en fonction de qui il/elle est. Personnellement, je trouve important d’offrir un bon sentiment de sécurité aux participants parce que c’est la base pour oser prendre des risques et donc aller plus loin. Dans le même esprit, je crois beaucoup à la puissance de la douceur, qui ouvre de nombreuses portes. Mais j’aime aussi le côté sauvage que peuvent avoir nos danses, et la puissance d’un feu bien canalisé. Ma femme, Anne-Mieke, est très reliée à son identité de femes ; elle enseigne de manière très créative et aime utiliser l’imagination et l’humour.

 

Quels sont les bienfaits que l’on peut en retirer ?

Une belle qualité des 5 rythmes, c’est qu’on y prend facilement du plaisir tout en faisant un travail profond – ça aide beaucoup à pratiquer régulièrement. La Danse des 5 rythmes permet entre autres de mieux habiter son corps, d’apprivoiser et de mieux faire circuler mieux nos émotions, de lâcher prise, de libérer notre créativité, de nous connecter,… En fait je peux faire travailler n’importe quelle intention dans la danse. Dans certains cours avancés, j’invite chacun à choisir son intention personnelle et je coache les participants par rapport à la manière de réaliser le travail qu’ils souhaitent. 

 

A qui s’adressent ces séances ?

Cette pratique s’adresse véritablement à tou(te)s, quel que soient l’âge ou la forme physique. Même une personne en chaise roulante peut bouger en tenant compte de ses limitations, et il ne faut absolument pas « savoir danser »; ce qui compte c’est essentiellement l’engagement et la qualité d’attention que l’on met. Personnellement j’aime beaucoup avoir des personnes hors norme dans un groupe.

 

A quel rythme conseilles-tu de pratiquer ?

Tout est possible, mais dans tout type de pratique je trouve que l’idéal est la régularité. Nous proposons donc des groupes de pratique régulière, mais on peut aussi venir ponctuellement. Nous donnons aussi des stages, qui permettent de faire un travail encore plus profond et qui créent une dynamique de groupe particulièrement belle. 

Un tout grand merci Michel, pour ce beau voyage à travers la danse !

 

Propos recueillis par Ariane Dandoy, septembre 2017.